De Giacomo Casanova à Laurent Casanova ou La Pléiade recorrigée par Claude-Eugène Anglade

Un jour, un ami me demande de réviser le texte d’un essayiste étranger. Il faisait de nombreuses citations d’André Malraux qu’il rapprochait de certains auteurs de son pays d’origine (la Serbie, me semble-t-il). Indulgent sur la langue qui n’était pas la sienne et qu’il empruntait, je l’étais moins sur la teneur du texte qui m’apparut confus. Mais ce n’était pas là mon problème. Cependant, à un moment donné, j’arrivais à un passage complètement incompréhensible où apparaissait, dans une harangue de Malraux en 1948, le nom de Casanova qui déroutait totalement notre auteur : il en vint à évoquer Danièle Casanova, morte en déportation depuis des années, et n’arrivait pas à identifier ce Casanova là…

Né en 1930, intéressé depuis toujours à la vie politique et intellectuelle de mon pays, je n’eus, pour ma part, aucun doute : il s’agissait de Laurent Casanova qui, au puissant Parti Communiste de l’époque, était, en quelque sorte, l’homologue de Malraux au RPF, chargé de la propagande et de quelques « actions musclées ». Par curiosité, je me reportais, dans le volume VI des Œuvres Complètes de Malraux, au texte incriminé : il est de 1948, s’intitule « SALUT » (page 343) : Quatre « compagnons » du RPF, qui posaient des affiches, ont été victimes d’un tir de grenade qui blessa grièvement l’un d’entre eux ; d’où une réaction de Malraux qui s’en prend ainsi à son adversaire : Il faut – n’est-ce pas, Casanova – « créer un climat de terreur » … etc. Je comprenais que quelqu’un ne possédant pas les « Œuvres complètes » de La Pléiade n’avait pu consulter l’index des noms cités qui l’eût mis sur la piste. Par acquis de conscience, je me reportais audit index et, page 1388, je trouvais « Giovanni Giacomo Casanova, page 343 » !! … J’écrivis aussitôt au Directeur de La Pléiade qui me remercia de ce signalement et m’assura que l’erreur serait corrigée lors de la réédition du tome VI.

Les auteurs de l’Index ont dû avoir une distraction …

Qui n’a jamais péché …

Claude-Eugène Anglade – Millau, le 17 novembre 2022 –