Le stupéfiant image. De la grotte Chauvet au Centre Pompidou par Régis Debray

Nous vivons le temps des images, et c’est accroître ses plaisirs que de s’en donner l’intelligence. En relatant comment il a lui-même appris à ouvrir les yeux, dans les grottes ornées comme dans nos salles de musée, l’auteur, idolâtre heureux et qui ne se repent pas, entend contribuer au bon usage du «stupéfiant image». Mais l’énigme qu’il interroge tout au long de ce recueil de témoignages et de réflexions, c’est celle du temps immobile. Il est des images fixes que l’on peut dater par leur style ou leur technique, mais dont nous demeurons étonnamment contemporains. Les archives visuelles des civilisations éteintes restent vivantes en sorte qu’elles auraient bien tort de se croire mortelles. Les dieux et les idées meurent, non leurs statues ni leurs figures. Et les félins de la grotte Chauvet (– 35 000) n’ont pas d’âge, pas plus que nos plus belles photos de stars. C’est à ce voyage à la fois dans et hors du temps que nous convie cette chronique des idoles d’hier et d’aujourd’hui, où la chronologie, enfin, ne fait pas loi.