8 décembre 2024

Je pense à votre destin. Par Françoise Theilllou, Ed. Grasset

Née dans l’euphorie de son prix Goncourt 1933 et sur un pari farfelu, pour reprendre un mot d’André Malraux, sa liaison avec Josette Clotis devient rapidement une passion – contrariée et d’autant plus flamboyante. La ravissante et jeune romancière, toute gauche qu’elle soit, est aussi une femme rebelle et tenace. Elle ne s’accommode pas de vivre à la marge du couple d’André et de Clara Malraux, laquelle la surnomme «  la provinciale  ». André et Josette vivent côte à côte plutôt qu’ensemble, voyagent, s’écrivent, s’aiment, ont deux enfants. La guerre ne désarme pas celle qui veut tout Malraux et tout de lui.
On ne savait à peu près rien de ce Malraux amoureux. Son enrôlement en 1940 comme soldat de deuxième classe dans une unité de chars à Provins  en fait un épistolier malgré lui, attentif et protecteur, pudique et spirituel, toujours tendre envers Josette. Celle-ci, qui excelle dans l’écriture de soi, remplit depuis des années des cahiers secrets, jusqu’à sa mort tragique en 1944, les jambes broyées à la suite d’une chute d’un train. Elle y a consigné les soubresauts de leur relation, mais aussi ses désirs de femme affranchie, loin de la midinette capricieuse ayant capté Malraux à quoi on a trop souvent voulu la réduire.
Je pense à votre destin, fondé sur des archives inédites, fait le récit de cette passion qui n’a pas duré moins de douze ans. Il est suivi de trente-cinq lettres de Malraux largement inédites, de fragments issus des cahiers inédits et de projets de romans de Clotis où Malraux apparaît, ainsi qu’un cahier préparatoire de celui-ci, inédit lui aussi, aux Noyers de l’Altenburg, auquel il travaillait du temps de leur liaison. Tous contemporains, ces éléments racontent, chacun à sa façon, une histoire inouïe d’amour et de littérature.