Manu Dibango : la dernière balade du poète…
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Manu Dibango, musicien au talent immense et ‘’Grand témoin de la Francophonie’’, s’est éteint à Paris le 24 mars 2020.
Il appartenait à deux planètes : la planète terre et la planète musique mais, au long de sa vie, les deux planètes ont côtoyé la planète littérature, sa troisième planète.
Un saxophoniste peut-il mourir ailleurs que sur une scène de musique, là où il devient prince et roi pour des heures ou pour des jours, lorsque montent les premières notes de saxophone d’un festival qui s’ouvre, comme celui qu’il a créé en 1997 : ‘’Festivals soirs au Village’’
Les musiciens qui l’ont connu et admiré lui rendront bientôt, lorsque le temps des hommes reviendra, l’hommage qu’il mérite et les sons de son saxophone ‘’reverdiront le monde’’ et le cœur des hommes…
Manu Dibango, né à Douala au Cameroun, le 12 décembre 1933, a quitté sa terre natale à l’âge de quinze ans, sa terre natale mais aussi tous ses amis d’enfance et il n’a pas eu le temps de ‘’terminer son enfance’’ dans la ville qui l’a vu naître : Douala.
C’est en France et plus précisément à Saint Calais que son ‘enfance’’ sera achevée ; Manu Dibango a été et restera un ‘’homme des confluences culturelles’’, étant entendu que la musique qu’il pratiquait est une composante forte et orientée de la culture en général.
Il a su, avec brio et non sans malice parfois, jeter un pont, un pont à la fois visible et invisible, entre deux cultures, entre deux continents : l’Afrique et l’Europe.
Ses biographes nous ont appris qu’il a vécu dans de grandes métropoles européennes comme Bruxelles, Paris mais qu’il a parcouru également plusieurs continents pour délivrer sa musique avant ses messages, la musique étant un langage universel.
Les musicologues chevronnés et les historiens de la musique se pencheront sur les sons, les airs et les musiques créés par cet artiste de génie qui aimait le jazz – initié à ce style par le musicien Francis Bebey – mais qui avait décidé de faire ‘’revenir’’ le jazz en Afrique, l’Afrique-mère, en créant l’Afro-jazz.
Les musiciens et les artistes parleront de sa musique riche en sons et rythmes, de sa voix – il était aussi chanteur- mais nous ne devrons pas oublier que Manu Dibango aimait la langue française dans laquelle il s’exprimait avec délectation car il avait appris à la connaître et à bien la manier, comme il maniait son instrument de musique préféré : le saxophone alto.
Les linguistes savent que les langues sont riches en sons et en phonèmes et ce ‘’pont phonétique’’ entre la musique et la langue – la langue française en l’occurrence- a été construit, avec patience, par Manu Dibango ce qui lui a valu de devenir ‘’ Grand témoin de la Francophonie’’, distinction qui lui a été accordée par la Secrétaire Générale de la Francophonie Michaëlle Jean, aux Jeux Olympiques de Rio, la ville de la Samba au Brésil, en 2016.
Dans quelle langue le musicien Manu Dibango, pensait-il sa musique ?
Toutes les musiques sont d’abord des ‘’langues parlées’’ et elles deviennent ensuite des langues écrites selon des ‘’signes’’ et des codes.
Manu Dibango, qui a pratiqué le saxo alto et bien d’autres instruments comme l’orgue, a été créateur de musique nouvelle – Soul Makossa en 1972- mais aussi créateur de ‘’mots nouveaux’’ de la langue française qu’il aimait et qu’il respectait.
Manu Dibango était un poète de la musique…
Ange noir, musicien et poète…
La dernière balade du saxophoniste Manu Dibango, sera aussi sa dernière balade poétique…
Ps : ‘’Balade en saxo’’ est le titre d’un album de Manu Dibango sorti le 4 novembre 2013.
Jean Michel Seck. Vice-Président des Amitiés Internationales André Malraux (AIAM)
Conseiller du Président du Groupe ITOC SA
Dakar le 25 mars 2020
La photo présentée est soumise à la législation “Creative Commons”.
Description : Concert de Manu Dibango au festival Les Escales, Saint-Nazaire, juillet 2019.
Date : 26 juillet 2019, 19:32:27
Auteur : Selbymay
Fichier: LesEscales2019ManuDibango 03.jpg
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