Actualités : 2 juillet-23 septembre – L'ENSP, invitée d’honneur de l’édition 2012 des Rencontres d’Arles

Photographie – Les rencontres d’Arles “Une école française”

Dix ans, vingt ans, trente ans, c’est le temps nécessaire pour que s’épanouissent les talents de photographes, d’historiens, de commissaires, formés à l’École nationale supérieure de photographie depuis sa création en 1982 à Arles.

Ce projet que nous avons inventé avec Rémy Fenzy, l’actuel directeur de l’école, lui-même diplômé en 1989, les enseignants et anciens directeurs, s’appuie sur deux certitudes : l’école d’Arles reconnaît à la photographie une place à part entière dans l’art contemporain et son programme ne cherche pas à mouler des élèves dans le style de ses enseignants, mais à les doter de connaissances et de capacités critiques leur permettant d’évoluer dans l’excellence mais dans la diversité.

Comme toujours aux Rencontres nous avons privilégié les expositions individuelles, montrant un parcours significatif d’une trentaine de photographes. Les expositions montées à partir de collections sont aussi le fruit de commissariats d’anciens élèves devenus historiens de la photographie.

Pour ceux qui ont choisi de pratiquer la photographie, il est difficile de généraliser une filiation scolaire, ce qui réjouit les enseignants d’Arles ne voulant pas reproduire le phénomène de l’école allemande ou américaine. Ces photographes sont également éloignés des stéréotypes de la photographie française humaniste. S’il faut chercher un héritage, il se trouve pour quelques uns dans un rapport au paysage, dû sans doute à la mission photographique de la Datar, qui a tant marqué les années 1980-1990 en France. Mais c’est loin d’être le cas de tous ceux présentés ici.

Enfin, en consacrant à chacun d’entre eux une exposition, nous tenions à rappeler que l’enseignement de l’ENSP a été fortement marqué par ses trois professeurs d’origine, Alain Desvergnes, Christian Milovanoff et Arnaud Claass, tous trois photographes.

Une école française ne peut que se nourrir d’autres cultures. Pour cette raison, nous avons associé à cette fête des responsables d’écoles de photographie de quatre continents et leurs invités photographes du monde entier à travers le prix Découverte, ainsi que de grands artistes étrangers ayant choisi la France, Josef Koudelka, Amos Gitaï et Klavdij Sluban.

Le prix du Livre sera accompagné cette année d’un hommage à Contrejour, maison d’édition de Claude Nori, carrefour influent de la photographie française au tournant des années 1970-1980.

L’association du Méjan et le centre des Musées nationaux complètent ce panorama en invitant d’éminents artistes, pour la plupart français, utilisant la photographie avec notamment Sophie Calle qui exposera à la chapelle du Méjan.

La mission éducative des Rencontres d’Arles se développe, à travers l’édition d’un jeu pour les écoles consacré au décryptage des images, testé avec succès lors de la dernière « Rentrée en Images », des stages désormais proposés toute l’année, et le lancement de production de films diffusés sur le Net à partir des Rencontres de l’été.

Le travail avec les anciens étudiants de l’École de photographie d’Arles a été pour toute l’équipe des Rencontres une suite de moments réjouissants, de surprises émerveillées à la rencontre de créations mal connues et de découvertes passionnantes dans les collections du musée Galliera, de la Société française de photographie, du Fonds national d’Art contemporain, de la collection du péruvien Jan Mulder ou des Fratelli Alinari de Florence.

Une école française existe bel et bien, elle est multiple, dense, gaie, instruite, et si parfois trop modeste, elle n’en est pas moins bourrée de talent.

François Hébel, directeur des Rencontres d’Arles.