8 décembre 2024

"Chambre S 10", par Béatrice Houchard

Un ancien ministre du général de Gaulle (Pierre Sudreau) vit ses ultimes jours dans sa « cage »,  la chambre S10 de l’Institution nationale des Invalides. « Marche ou crève » répète-t-il.
Peu à peu, il rend les armes et s’en remet au destin que sa famille a ordonné pour lui. Pour la première fois de sa vie, il lâche prise. Sans doute a-t-il décidé que c’était fini.
L’amitié d’une  poignée d’amis tente d’alléger ces derniers jours. L’auteure, qui l’a  connu trente ans plus tôt quand elle était jeune journaliste et lui  maire de Blois, oscille entre la révolte contre la dureté du sort qui  lui est fait, et la douceur des souvenirs d’une autre époque.

Nous  voyons s’entrecroiser le récit d’une fin, celle du grand homme, et les  premiers pas de la carrière d’une journaliste dans une petite ville des  bords de Loire où les rois jadis ont régné. Chambre S10 effectue des allers-retours entre les derniers jours de  l’ancien résistant du réseau « Brutus », déporté à Buchenwald,  ministre, député, président de la région Centre et autres postes  prestigieux de la République, et l’itinéraire de cette jeune femme qui a  découvert, à travers lui, la réalité de la politique sur le terrain.
Avec  colère et douleur, dans une ultime scène où est saisissante et  insupportable la condition faite à cet homme, l’auteure écrit : « Vous qui étiez si lumineux, j’avais peur de vous voir vous éteindre. »  Dans un style enlevé, précis, concis, elle s’insurge contre le sort  fait trop souvent aux personnes âgées que l’on traite comme des enfants  et dépossède d’elles-mêmes, jusqu’à leur confisquer leurs papiers  d’identité. Et retrace parallèlement, dans un récit critique et  savoureux, le journalisme d’une époque déjà lointaine où Internet  n’existait pas.

Ed. Thirésias, 2012

Le site de l’éditeur : http://www.editionstiresias.com/