Le rôle de premier plan de magistrats de la Cour des comptes dans la mise en place d’un ministère des affaires culturelles, par Blandine Sorbe

Des magistrats de la Cour des comptes ont eu un rôle de premier plan dans la mise en place d’un ministère des affaires culturelles, en particulier plusieurs anciens élèves de la khâgne de Caen de 1939-1940, dont Pierre Moinot.

Le site : http://chmcc.hypotheses.org/1692  Carnet de recherches du Comité d’histoire du Ministère de la culture et de la communication sur les politiques, les institutions et les pratiques culturelles.

La « khâgne » de Caen
par Blandine Sorbe, Conseillère référendaire à la Cour des Comptes

La « khâgne de Caen, véritable pépinière pour la Cour1 »

En octobre 1939, la khâgne du lycée Henri IV quitte la capitale pour s’installer au lycée Malherbe de Caen, où les élèves s’appliquent à l’étude des lettres dans l’ambiance potache d’une « sorte d’îlot de Thélème2 » en partie préservé des préoccupations de la guerre. Mobilisés en juin 1940, sept d’entre eux deviennent ensuite, dans l’immédiat après-guerre, « par hasard – et par amitié3 », magistrats à la Cour des comptes. C’est Charles Frappart qui, le premier, passe le concours d’auditeur, en 1944, ayant entendu parler « d’un conseiller référendaire, Albert Pomme de Mirimonde, chargé du concours d’entrée, et qui souhaitait en ouvrir le recrutement aux littéraires4 ». Raoul Ergmann et Pierre Moinot sont reçus en 1945 ; Pierre Desprairies, Jacques Labarraque et Francis Raison l’année suivante. Philippe Baer, issu de la promotion Jean Moulin de l’ENA, qui ne compte que onze élèves, les rejoint en 1950, après un début de carrière comme attaché culturel en Argentine.

Parmi eux, plusieurs, en parallèle de leur activité à la Cour, consacrent leur temps libre à la culture : Philippe Baer et Raoul Ergmann sont des collectionneurs, habitués de l’hôtel Drouot5 ; Charles Frappart et Pierre Moinot découvrent ensemble le cinéma, pour lequel s’enthousiasme aussi Philippe Baer6. Pierre Moinot se lie avec Albert Camus et Jules Roy ; il publie en 1951 Armes et bagages et, en 1954, La Chasse royale, grand prix du roman de l’Académie française. Mais c’est aussi en tant que fonctionnaires que, dès la fin des années 1950, certains d’entre eux contribuent à la naissance d’une politique publique en faveur de la culture. Pierre Moinot et Francis Raison, en lien avec d’autres membres de la Cour, sont les plus actifs dans ce domaine, tandis que d’autres y exercent des fonctions de manière plus incidente, tel Raoul Ergmann, directeur général adjoint de la Radiodiffusion-Télévision Française de 1959 à 1962, qui présidera la Société des amis du Louvre de 1986 à 1990. Liés par l’amitié autant que par leur appartenance à la Cour, ils connaissent dès leurs premières années de carrière, à l’exception de Pierre Desprairies et Jacques Labarraque, des vies administratives croisées, ainsi Philippe Baer rejoignant en 1956 le cabinet de Robert Lacoste, ministre des affaires économiques et financières, alors dirigé par Charles Frappart.

« Comme une petite cabane en planches dans un terrain vague, abritant les ouvriers chargés de faire sortir de terre une maison7 »

En février 1959, le ministère des Affaires culturelles n’a que quelques semaines d’existence, et la constitution d’une administration à la hauteur des ambitions affichées par le ministre nécessite d’amalgamer des services cloisonnés, très soucieux de leur indépendance. André Malraux cherche donc à étoffer son cabinet, jusque-là principalement constitué d’amis proches sans expérience administrative, à l’instar de Marcel Brandin et Louis Chevasson, que le ministre a rencontrés sur les bancs de l’école, d’Albert Beuret, qu’il a connu comme maréchal des logis en 1940, « le confident numéro un » qui « ne se départait pas de son bon sens dans l’exercice de la grandeur8 », ou de Pierre Juillet, ancien compagnon du Rassemblement du Peuple Français. Georges Loubet, le directeur de cabinet, est un ancien résistant, chef de bureau à la Ville de Paris au moment où Malraux fait appel à lui, qualifié sans ambages de « brave type » et d’« éponge à whisky » par ses contemporains9. Gaëtan Picon, directeur général des arts et lettres, agrégé de philosophie, est également un proche du ministre10.

À la faveur des séances de judo auxquelles il participe avec Charles Frappart, Pierre Moinot rencontre Georges Loubet et Bernard Anthonioz, éditeur, également membre du cabinet11. Son profil – « J’étais judoka, conseiller à la Cour des comptes, et de surcroît auteur de quelques livres chez Gallimard12 » – plaît au ministre et il est nommé conseiller technique. L’apport de Pierre Moinot en tant que « seul vrai professionnel13 » est d’abord une contribution à la consolidation administrative des services. De 1959 à 1961, il est chargé de transformer la sous-direction des spectacles, de la musique, de la création artistique et du livre en une direction du théâtre et de l’action culturelle. La sous-direction est divisée en deux : la musique devient un service autonome puis une direction, le reste de la sous-direction forme une direction nouvelle du théâtre et de l’action culturelle, Le noyau chargé de l’aide à la création artistique est étoffé ; un service des études se développe. L’administration centrale du ministère ne compte alors que 377 agents14. D’importants renforts arrivent dans les années 1960, sous la forme d’une cinquantaine d’administrateurs de la France d’outre-mer qui se portent volontaires pour servir au ministère, notamment Émile Biasini, nommé en 1961 directeur du théâtre, de la musique et de l’action culturelle sur la recommandation de Pierre Moinot, qui l’a rencontré en Guinée en 1956 15.

« Il y a dans nos entreprises une ferveur qui dépasse l’ordinaire des actes administratifs. »

Le contexte est celui d’une rupture radicale avec la gestion des Beaux-Arts dénoncée en 1955 par un ouvrage de Jeanne Laurent. Le décret constitutif fixe au ministère l’objectif « de rendre accessibles les œuvres capitales de l’humanité, et d’abord de la France, au plus grand nombre possible de Français ; d’assurer la plus vaste audience à notre patrimoine culturel et de favoriser la création des œuvres de l’art et de l’esprit qui l’enrichissent16 ». Cette définition des fonctions du ministère, révolutionnaire, ouvre un vaste champ d’action pour ceux qui travaillent à la traduire en actes, à revêtir l’action culturelle d’un habillage administratif. « Il nous semblait que nous pouvions tout réussir, malgré nos moyens misérables, parce que Malraux nous laissait tout tenter.17 » Pierre Moinot décrit ces débuts comme une période d’extrême créativité : « C’était une extraordinaire époque d’invention, on inventait le but, les outils, on évaluait les moyens, restait à les trouver.18 »

En 1961, pour la première fois, l’action culturelle est prise en compte par la planification nationale : le IVe Plan crée une Commission de l’équipement culturel et du patrimoine artistique. À la fin de l’année 1960, Pierre Moinot élabore les principes généraux de l’action culturelle, définit la nature et la fonction des équipements à venir, sous la forme d’orientations ensuite précisées et arrêtées par André Malraux avec Albert Beuret et Bernard Anthonioz, puis les présente devant la sous-commission du théâtre, présidée par François Bloch-Lainé, inspecteur général des finances, et la sous-commission de l’action culturelle, présidée par le député et ancien ministre Eugène Claudius-Petit. En conclusion de son exposé, Pierre Moinot évoque les besoins chiffrés du ministère, souhaitant « que la sécheresse de ces chiffres ne masque pas ce qu’ils recouvrent en réalité : des pierres harmonieuses, des hommes dévoués, des voix, des formes et des sons19 ». Avoir emporté la conviction de la commission culturelle ne suffit cependant pas. Quand il s’agit de chiffrer plus précisément les moyens de l’action culturelle, « nous inventons, dans le vague et la direction du budget n’aime pas le vague ! 20 » En particulier, Pierre Moinot se souvient qu’« à la discussion des propositions budgétaires devant le ministre des Finances, M. Giscard d’Estaing, ce dernier bute sur la ligne Maisons de la culture : « “Qu’est-ce que c’est que ça ?” A. M. d’un signe de tête me passe la parole ; je ne suis pas brillant. Les Finances ne suivent pas.21 » Pierre Moinot prend alors conscience qu’existe un réel besoin de méthodologie en matière d’évaluation des coûts, qui sera comblé lors de la préparation du Ve Plan en 1965, grâce à l’action d’Augustin Girard, dont Pierre Moinot deviendra très proche.

Sans attendre les crédits correspondants, Pierre Moinot contribue dès 1960 à la définition de la mission des maisons de la culture. La première d’entre elles, au Havre, est inaugurée en 1961. Celle de Bourges et le Théâtre de l’Est parisien sont créés également dès ces premières années. Les études sont lancées pour celle de Thonon et les pourparlers commencent avec les municipalités d’Amiens, de Firminy et de Grenoble.

L’autre grand dossier pris en charge par Pierre Moinot à cette époque est celui du soutien au cinéma. Un projet ancien avait été formulé dès 1945 par André Malraux, alors ministre de l’Information, qui envisageait une détaxation en faveur de films sélectionnés par une commission, les producteurs devant remettre en contrepartie une copie de leur œuvre pour assurer, après sa carrière commerciale, sa diffusion dans les cinémathèques22. Pierre Moinot mène la concertation avec les représentants des producteurs, distributeurs et exploitants, en lien avec Michel Fourré-Cormeray, également magistrat de la Cour, directeur général du Centre national du cinéma23. Il parvient à faire accepter un mécanisme novateur : celui d’un financement de l’amont (la production des films) par l’aval (via une taxe sur les exploitants de salles), tous les films, y compris étrangers, contribuant à alimenter un fonds de soutien qui bénéficie aux seuls films français. Antoine Pinay, le ministre des Finances, y est hostile, mais Pierre Moinot parvient à lever ses réticences grâce à ses contacts avec son directeur de cabinet, Antoine Partrat, également de la Cour24. Le dispositif d’avance sur recettes, créé par les décrets du 16 juin et du 30 décembre 1959, a pour objectif de favoriser le renouvellement de la création et de « soutenir un cinéma indépendant, audacieux au regard des normes du marché et qui ne peut, sans aide publique, trouver son équilibre financier25 ». Cette politique, si elle a connu des modifications, est encore en vigueur dans ses principes aujourd’hui. Après son départ du ministère, Pierre Moinot siège comme membre, puis comme président de la commission d’avances sur recettes, faisant le pari qu’une « addition de subjectivités très diverses [a] une chance d’être proche de l’objectivité », positionnement qui doit composer aussi avec des influences extérieures26.

La contribution des anciens membres de la « khâgne de Caen » à la politique en matière de cinéma ne s’arrête pas là : en 1959, Pierre Moinot suggère à André Malraux le nom de Charles Frappart pour rédiger un rapport sur l’Union Générale Cinématographique (UGC), tombée après la Libération entre les mains de l’État27. Contre l’avis du ministère des Finances, le rapport conclut qu’il est important que l’État conserve la propriété de ces capacités de production et de distribution, tout en déterminant les moyens nécessaires à la remise à flot et à la rentabilité future de l’entreprise. L’arbitrage du Premier ministre est remporté par Pierre Moinot, qui parvient également à imposer le nom de Philippe Baer pour le poste de président de l’UGC. Ce dernier s’est éloigné de la Cour en 1959 pour un poste dans la banque Stern, mais « la banque l’ennuie », alors qu’« il aime le cinéma autant et sans doute plus que la finance28 ». Pierre Moinot sera administrateur de l’UGC à partir de 1960 29.

« Une quasi-inexistence de moyens, un dénuement qu’on a peine à imaginer30 »

Pierre Moinot souffre des réticences auxquelles se heurte le ministère à peine né, aussi bien dans l’administration qu’à l’extérieur : « dans les milieux administratifs, on estime que la culture est un luxe coûteux et on se méfie de la personnalité du ministre ; chez les acteurs culturels on craint que ce ministère n’impose des choix politiques et un dirigisme esthétique31 ». Il reste longtemps marqué par les conditions « épouvantables » de ces premières années, l’hostilité de l’entourage administratif et la « clientèle de créateurs soit furieux de ne plus être sollicités, soit méfiants d’être sollicités, et souvent situés dans des horizons politiques qui les rendaient encore plus méfiants, ou encore plus furieux32 ». Soucieux de ne pas donner du crédit à la satire d’un ministre « brouillon de culture », incapable de se mouvoir dans le vocabulaire et les règles de l’administration, Pierre Moinot reconnaît cependant dans ses mémoires qu’André Malraux « connaissait très mal l’administration et d’une certaine façon en avait peur, en même temps qu’il voulait la soumettre à ses vues. Je pense que c’est en cela que je lui ai été utile, surtout au début. C’était un homme animé d’un grand dessein, avec pour le réaliser des moyens si dérisoires que cette disproportion pouvait faire rire les imbéciles.33 » Il attribue donc avant tout les difficultés initiales au manque de moyens : « le seul reproche à faire au ministre est de n’avoir pas pu obtenir assez d’hommes lui permettant d’organiser les structures dépensières qui eussent donné aux services l’assise administrative nécessaire. Ce ministère, créé sur la chair arrachée à l’Éducation nationale, doté seulement du personnel dont ce grand département cherchait à se débarrasser, privé de tout le domaine du livre, écarté de celui de l’audiovisuel et des affaires culturelles extérieures, n’a dû sa survie qu’à une lutte de tous les instants contre plusieurs départements ministériels qui réfutaient jusqu’à son existence, ne croyaient qu’à ce qu’il est convenu d’appeler “les Beaux-Arts”, et attendaient la chute d’une tentative qu’ils jugeaient éphémère et sans avenir.34 »

Découragé par le premier arbitrage budgétaire, qui permet à peine d’obtenir les deux-tiers des crédits demandés, et ne pouvant « plus téléphoner à la Cour sans qu’on s’inquiète comme d’un malade du ministère35 », Pierre Moinot quitte ses fonctions à compter du 1er octobre 1961, en désignant Émile Biasini comme son meilleur successeur possible. Sa lettre de démission témoigne de son amertume : « aurais-je toutes les armes et tous les bagages d’une direction florissante, ou seulement digne, que je ne pourrais empêcher que l’idée que j’ai de l’État ne soit irréversiblement dégradée devant la réalité ». Il demande au ministre de le mettre « en réserve à la Cour des comptes, pour quand le moment sera venu ». En réponse, le ministre-écrivain se montre compréhensif : « Je tiens pour légitime que vous quittiez un poste que vous n’aviez pas sollicité, et qui, sans nul doute, vous eût interdit d’écrire pendant au moins deux ans. » La Cour, au début de l’année 1962, le « recueille comme l’enfant prodigue, panse [ses] blessures et [le] conduit doucement à changer d’idées36 ». Il y retrouve Charles Frappart, reprend ses activités littéraires et travaux manuels ; à côté de son activité de magistrat, il passe un certificat d’aptitude professionnelle en menuiserie.

« Cette période est celle des crises37. »

Pierre Moinot est rappelé au ministère dans un climat bien différent. Les budgets du ministère sont désormais plus conséquents, des hommes nouveaux ont entamé une « normalisation38 » du ministère. Depuis avril 1962, c’est André Holleaux, conseiller d’État, qui dirige le cabinet du ministre. En 1966, on propose à Pierre Moinot de remplacer Gaëtan Picon comme directeur général des Arts et des lettres. Interrogé sur un candidat au remplacement d’Émile Biasini, dont André Malraux souhaite également se séparer à la tête de la direction du théâtre et des maisons de la culture, Pierre Moinot pose comme condition à sa propre prise de poste le nom de Francis Raison. Tous deux sont nommés par décret en octobre 1966 et s’emploient à poursuivre et consolider l’action culturelle tout en rationalisant les structures du ministère. Francis Raison continue en particulier d’accompagner le développement des maisons de la culture. Il crée à Amiens, dans la maison de la culture, le ballet-théâtre contemporain, devenu en 1978 le Ballet français de Nancy, et s’engage pour les arts du cirque en devenant membre du conseil d’administration de La Piste.

Pierre Moinot, pour sa part, est à la tête d’une direction stratégique qui ne lui laisse que peu de marges de manœuvre opérationnelles. Sa mission s’exerce dès lors davantage dans une fonction de représentation. Il porte ainsi au niveau international la notion de politique culturelle : à l’UNESCO, par une série d’interventions rédigées avec Augustin Girard, il tente de faire évoluer les esprits de l’idée de démocratisation de la culture vers celle de démocratie culturelle, « où le créateur et le spectateur auraient pris une part beaucoup plus grande à la décision des interventions de l’État », alors que « la démocratisation vient d’en haut39 ». Le 17 novembre 1966, il expose ainsi à la XIVe conférence générale de l’UNESCO qu’« il ne s’agit plus de prendre quelques mesures individuelles qui favoriseront les échanges entre divers élites averties. […] Il s’agit qu’à l’échelle de tous les hommes, et d’ici la fin du siècle, une révolution culturelle rattrape et accompagne les révolutions technique et scientifique qui sont déjà commencées. »

Il porte aussi les intérêts du ministère au plus haut niveau de l’État, comme lors de l’audience que lui accorde le général de Gaulle en février 1967. Il défend alors l’idée que le domaine culturel est un enjeu important pour « trouver la solution française au problème du rapport entre la prospérité économique et la vie des hommes », et qu’il faut donc que l’État intervienne pour assurer à la France « la continuité de son génie » et une place prédominante parmi les autres nations40. Il justifie également l’importance du budget de fonctionnement du ministère41, au grand soulagement de son ministre : « Heureusement que c’est à vous qu’il a posé la question et pas à moi ! 42 ».

La conception de l’action culturelle portée par Pierre Moinot est très proche de celle de son ministre. En tant que directeur général des arts et des lettres, il considère que le ministère a pour rôle de « guérir le mal des grands ensembles43 », de promouvoir une culture vivante et de favoriser la promotion culturelle, forme la plus haute de la promotion sociale. Quoique se disant « ignare en politique », il aurait aimé « que le Général fût plus à gauche44 » et il est patent que, dans sa conception des maisons de la culture, Pierre Moinot est plus proche des principes de l’éducation populaire que d’autres administrateurs, comme Gaëtan Picon, davantage favorables à une diffusion des œuvres par le haut45. Il paraît partager cette conception avec d’autres magistrats comme Francis Raison, ce dernier mettant l’accent sur l’importance des animateurs, capables d’organiser la rencontre du public avec les œuvres 46. Pierre Moinot regrette en particulier que l’enseignement ait été exclu du périmètre de l’action culturelle, et que les bibliothèques, la radio et la télévision ne lui soient pas rattachées ; il cherche à établir des ponts avec les autres ministères ayant des attributions culturelles (Affaires étrangères, Information, Jeunesse et Sports).

Mais ces années sont surtout marquées par une série de crises. La première, en février 1968, touche la Cinémathèque française, fortement subventionnée, gérée par Henri Langlois qui, d’après Pierre Moinot, « ne savait pas – ou trop bien – compter » et « ne faisait pas de différence entre la Cinémathèque et lui47 ». André Malraux fait désigner Pierre Moinot président de l’association pour y remettre de l’ordre, provoquant une fronde des partisans de Langlois. La création d’une commission de sages, présidée par le doyen Vedel, où siège également Gabriel du Pontavice, conseiller maître à la Cour48, permet de pacifier le climat : Henri Langlois reprend finalement la présidence de la Cinémathèque, sous conditions, notamment la réduction de la subvention versée et la surveillance d’un contrôleur d’État. Cette période a été particulièrement pénible pour Pierre Moinot, qui en tire la leçon que « le service de l’État peut être irrationnel49 », et enrage d’avoir eu en face de lui « la calomnie, le mensonge, le chantage, la ruse, et avec [lui] la certitude que l’État avait mal joué de bonnes cartes50 ».
Le secteur culturel est parmi les plus tumultueux de la société au mois de mai 1968. Pierre Moinot et Francis Raison campent dans leurs bureaux. L’occupation de l’Odéon est vécue comme une épreuve (« On avait très peur, très peur du feu. »). Pierre Moinot s’en souvient comme d’un « moment de solitude, où Francis Raison et moi nous débrouillions un peu comme nous pouvions », la difficulté étant redoublée par le fait que « nous aussi on avait un peu envie de faire notre mai 1968 dans les domaines que nous régissions à ce moment-là51 ».

Pierre Moinot a été nommé à la direction générale des arts et des lettres avec la mission essentielle d’envisager l’évolution de cette direction. En décembre 1967, il rend un rapport proposant sa réorganisation. Parvenant à conserver l’approche distanciée d’un rapporteur de la Cour alors que c’est sa propre direction qu’il audite, il constate une disproportion de cette direction par rapport à l’ensemble du ministère, une inégale répartition du travail, une insuffisante rationalisation des moyens de travail, une définition floue des structures et des attributions, et souligne un risque d’altération de la gestion administrative en une gestion bureaucratique. Il fait un tableau sans concession de sa situation de directeur général : « Pendant que les services voyaient s’étendre leurs missions et se renforcer leur autonomie, le directeur général, privé de tout moyen d’exécution, était dans l’incapacité de les suivre. À mesure que ce corps grandissait la tête devenait de plus en plus minuscule. Puis ce corps s’est séparé en cellules autonomes, et la tête s’est momifiée.52 » Il en conclut qu’il est « nécessaire et urgent » de supprimer le poste de directeur général, recommandation conduisant à un suicide administratif dont il tirera sa vie durant une certaine fierté.

Sa principale conclusion est que l’action culturelle n’est pas une administration, mais une fonction latente de l’administration ministérielle, et qu’il faut donc faire évoluer la direction générale vers un service léger et transversal, sous la forme d’une direction générale des affaires culturelles caractérisée par une « hiérarchie stratégique » à l’égard des autres directions, incluant la possibilité de définir les principales lignes du budget et d’exercer un droit de regard sur son exécution. La réorganisation de mars 1969 instituera effectivement une direction de l’action culturelle dédiée à la coordination et à l’incitation, mais sans autorité hiérarchique sur les autres directions.

En décembre 1968, dans un contexte politique incertain, sans nouvelles des conclusions tirées de son rapport, souffrant d’« une solitude dont seuls quelques hommes de ce ministère ont idée53 », il informe le Premier président de la Cour des comptes qu’il a demandé au ministre de mettre un terme à ses fonctions dès qu’il le jugera possible. Il justifie cette décision dans la presse : « Les moyens financiers attribués à ce poste devenant de plus en plus faibles, j’ai préféré me faire hara-kiri comme les bonzes qui se brûlent pour montrer que la culture n’a pas assez d’argent. […] Pour répondre aux demandes de ce secteur en pleine évolution, il faut plus d’hommes, plus de moyens. Puisqu’il est impossible de les obtenir, je m’en vais et retourne à la Cour des comptes qui m’attend.54 » Il tire ainsi largement profit de l’indépendance d’esprit qu’offre l’appartenance à la Cour55, son statut de magistrat renforçant une personnalité qu’il définit lui-même comme celle d’un « anarchiste soumis aux lois56 ». Francis Raison donne lui aussi sa démission en juin 1969 et réintègre la Cour. Philippe Saint-Marc, également magistrat de la Cour, lui succède pour quelques mois à la tête de la direction du théâtre et des maisons de la culture.

Une filière se dessine donc au profit des membres de la Cour dans le domaine des politiques culturelles, fondée sur une adhésion au projet d’André Malraux et sur des compétences généralistes de gestion particulièrement requises à ce moment de genèse du ministère. La présence de magistrats de la Cour à plusieurs postes-clefs, notamment en cabinet ministériel – de manière durable dans certains cas, à l’instar d’Alain Trapenard57 -, et les contacts étroits qu’ils entretiennent, permettent d’accélérer le traitement de plusieurs dossiers. D’autres corps sont néanmoins très présents : on a déjà mentionné le rôle essentiel des administrateurs de la France d’outre-mer dans la consolidation de l’encadrement du ministère. L’action d’Émile Biasini pour les maisons de la culture a ainsi pu être associée, un peu caricaturalement, à sa capacité à « travailler en brousse » et à « voyager d’une province à l’autre pour palabrer avec les maires58 ». Plusieurs membres du Conseil d’État y apportent pour leur part « une science juridique et une rigueur administrative exemplaires59 » face à un ministre à l’imagination juridique foisonnante : André Holleaux, directeur de cabinet de 1962 à 1965 (puis directeur général du CNC jusqu’en 1969), auquel succède Antoine Bernard, Max Querrien, directeur de l’architecture de 1963 à 1968, qui contribua à la mise en œuvre de la « loi Malraux » de 1962 sur les secteurs sauvegardés.

Computat sed cantat60

S’il réintègre la Cour en mars 1969, Pierre Moinot reste impliqué dans les affaires culturelles : il n’abandonne qu’en juin 1970 la présidence du comité de direction de la Caisse nationale des lettres. Au début de l’année 1970, il fait partie de la commission dirigée par Lucien Paye, futur Premier président de la Cour, pour préparer la réforme de l’ORTF, et devient administrateur de celui-ci en septembre 1971. Il reste par ailleurs président de la commission d’avance sur recettes de 1964 à 1972, et membre, à partir de 1974, du Conseil supérieur des lettres. En juillet 1981, il préside la commission de réflexion et d’orientation sur le projet de statut de l’audiovisuel, dont Maurice Bernard, conseiller-maître et ami, – et futur président de chambre – assure le secrétariat général, et dont Jean-François Collinet, collègue et complice de Pierre Moinot61, est également membre. Le rapport fait admettre le principe d’une haute autorité indépendante de l’audiovisuel. Il poursuit également sa carrière littéraire, qui fait de lui en 1982 le premier magistrat de la Cour élu à l’Académie française depuis la Révolution.

Les liens de la « khâgne de Caen » se resserrent aussi : c’est Charles Frappart, en rédigeant en 1952 le premier rapport public uniquement consacré à la sécurité sociale, qui avait fondé la compétence et l’autorité de la Chambre sociale, dont Pierre Moinot devient président en mai 1978, avant d’être nommé procureur général en juillet 1983 (Pierre Moinot prononce donc l’éloge de son ancien camarade, en janvier 1984, signalant au passage avec émotion que « nous plaisantions souvent autrefois, Charles Frappart et moi, chacun de nous accusant l’autre d’être bien capable d’oser un jour faire son éloge »). En février de la même année, Francis Raison, qui était depuis janvier 1978 rapporteur général du comité du rapport public et des programmes, devient président de la Septième chambre.

En 1986, Pierre Moinot quitte la Cour, deux ans avant l’âge de sa retraite, pour s’installer dans la propriété qu’il a achetée en 1980 au milieu des champs de lavande du Haut Var, au nord de Salernes, mitoyenne de celle de Philippe Baer, en souvenir de « la joie des voyages que nous faisions ensemble si gaiement, à la recherche des châteaux ou des églises romanes62 », en conclusion d’une amitié de plus de cinquante ans dont la richesse dépasse de beaucoup celle de la seule action administrative, fût-elle culturelle.

Notes
1 Éloge prononcé par le Procureur général Jean Raynaud à l’occasion du départ de Francis Raison à la retraite, le 24 janvier 1990.
2 Pierre Moinot, Tous comptes faits, Entretiens avec Frédéric Badré et Arnaud Guillon, Gallimard, 1997, p. 53.
3 Ibid., p. 112.
4 Éloge de Charles Frappart, prononcé par Pierre Moinot le 3 janvier 1984. NDE : sur le Président de Mirimonde, voir le texte de Pierre Palau, p. 63-67.
5 Éloges prononcés le 15 janvier 1991. Raoul Ergmann est l’auteur de plusieurs ouvrages sur la peinture italienne et française des XVIe et XVIIe siècles.
6 Il fera connaître en France le travail de Buñuel, et se liera d’amitié avec le réalisateur Louis Malle : il fait d’ailleurs une apparition dans Au revoir les enfants, dans le rôle d’un homme discret et distingué pris à partie par des miliciens dans un restaurant.
7 Pierre Moinot, Tous comptes faits, p. 150.
8 Malraux au jour le jour. Souvenirs d’André Holleaux, précité, p. 34.
9 Dictionnaire Malraux, Michaël de Saint-Cheron, Janine Mossuz-Lavau et Charles-Louis Foulon, CNRS Éditions, 2011.
10 Il « était de sa tribu, il n’était pas un directeur classique au sens administratif ». (Souvenirs d’André Holleaux, précité, p. 50)
11 « Nous voici tous deux, Bernard et moi, sur ce tapis de judo où nous avons fait connaissance, avec un autre membre du cabinet de Malraux. Ils ont appris que je partage ma vie entre le service de l’État et la littérature et ils savent que Malraux cherche un homme de l’Administration, si possible aventureux. Et me voilà par la grâce d’un art martial […] dans ce premier ministère des Affaires culturelles qui va ouvrir tant de routes. » (allocution de Pierre Moinot à la mémoire de Bernard Anthonioz, le 8 octobre 1994)
12 Tous comptes faits, p. 118-119.
13 Préface de Pierre Nora à André Malraux, ministre de l’irrationnel, précité.
14 C.-L. Foulon, André Malraux, ministre de l’irrationnel, op.. cit., p. 88.
15 Voir à ce sujet, Marie-Ange Rauch, Le bonheur d’entreprendre. Les administrateurs de la France d’outre-mer et la création du ministère des Affaires culturelles, Comité d’histoire du ministère de la culture, La Documentation française, 1998.
16 Article 1er du décret n° 59-889 du 24 juillet 1959 portant organisation du ministère chargé des affaires culturelles.
17 Allocution précitée de Pierre Moinot à la mémoire de Bernard Anthonioz.
18 Tous comptes faits, op. cit., p. 125-126.
19 Exposé du 6 mars 1961 devant le groupe Théâtre et Musique de la Commission, conservé au Comité d’histoire du ministère de la culture et de la communication. Des extraits sont reproduits en annexe de Tous comptes faits.
20 « Défis passés, défis présents », intervention de Pierre Moinot en clôture de la table ronde organisée à l’occasion du départ à la retraite d’Augustin Girard, 8 mars 1993.
21 Numéro d’hommage à André Malraux, NRF n° 295, juillet 1977.
22 Paul Léglise, Histoire de la politique du cinéma français, précité, tome 2, p. 137. Ce projet verra le jour sous une forme différente en 1960, avec la création du classement des salles Art et essai.
23 NDE : sur Michel Fourré-Cormeray, voir p. 51-56.
24 Tous comptes faits, p. 121.
25 45 ans d’avances sur recettes, article de Pierre Moinot pour le CNC à l’occasion de l’anniversaire de la création du dispositif.
26 Lettre d’André Malraux le 10 juin 1970 : « On me dit qu’un film tiré du roman de Sperber va être soumis à la Commission, Vendredi peut-être. Vous savez que Sperber est un de mes plus anciens amis – plus de trente ans… – et je souhaite de la façon la plus pressante qu’on l’aide, si ce n’est pas impossible. Voulez-vous me dire comment les choses se présentent ? » Lettre d’André Malraux du 5 novembre 1970 : « Pouvez-vous me dire comment se pose le problème du film de Louis Malle, et, éventuellement, ce qui peut être fait pour lui ? »
27 NDE : voir p. sur la position de la CVCEP.
28 Courrier de Pierre Moinot du 10 décembre 1960 (destinataire inconnu).
29 Tous comptes faits, p. 124.
30 Pierre Moinot, La difficulté du trentenaire : entre histoire et mémoire, dans l’ouvrage précité Les Affaires culturelles au temps d’André Malraux, p. 12.
31 « Défis passés, défis présents », intervention précitée.
32 La difficulté du trentenaire : entre histoire et mémoire, op. cit., p. 12.
33 Tous comptes faits, p. 150. Il rejoint en cela l’analyse d’André Holleaux : « Esprit suprêmement fécond, il savait n’être ni juriste, ni administrateur, ni financier […] : il transcendait trop les problèmes pour pouvoir descendre au niveau où se mouvaient les techniciens. » (Malraux ministre au jour, op. cit., p. 66)
34 Courrier du 23 octobre 1986 de Pierre Moinot à Charles-Louis Foulon à propos d’un projet d’étude sur André Malraux. Voir C.-L. Foulon, André Malraux, ministre de l’irrationnel, op. cit., p. 88.
35 Lettre sans destinataire, sans doute du milieu de l’année 1961, conservée au Comité d’histoire du ministère de la culture.
36 Tous comptes faits, p. 167.
37 Éloge de Pierre Moinot, prononcé le 21 janvier 1987 par le Procureur général Jean Raynaud.
38 Marie-Ange Rauch, Le bonheur d’entreprendre, op. cit., p. 96.
39 Tous comptes faits, p. 173.
40 Note au ministre du 27 février 1967.
41 « “Ah ! parlons des chiffres. Qu’est-ce que ce que c’est votre budget ? – Mon Général, c’est très simple : 269 millions de fonctionnement, 232 millions d’équipement. Ce qu’il faudrait en plus, c’est environ 75 millions pour le fonctionnement, et environ 35 millions pour l’équipement, chaque année, pendant trois ans.” Le Général approuve de la tête, reste un moment silencieux et demande : “Pourquoi votre budget de fonctionnement est-il supérieur à votre budget d’équipement ? – Parce que notre budget de fonctionnement est grossi par deux postes, dont l’un est totalement étranger à l’action culturelle, c’est l’entretien des ministères et des Palais nationaux, pour lequel nous avons 31 millions, et dont l’autre est démesuré, c’est l’Opéra, qui nous coûte 43 millions, alors que pour l’action culturelle proprement dite, nous n’avons que 7,2 millions.” » (ibid.)
42 André Malraux ministre, op. cit., p. 239.
43 France-Soir du 9 mai 1967, « La révolution culturelle en France ».
44 Tous comptes faits, p. 155.
45 Marie-Ange Rauch, Le bonheur d’entreprendre, op. cit., p. 82.
46 France-Soir du 10 mai 1967, « Enfin l’État commence à s’intéresser aux artistes vivants ».
47 Tous comptes faits, op. cit., p. 176.
48 Ami de Pierre Moinot depuis qu’ils avaient partagé le même bureau à la Cour.
49 Tous comptes faits, op. cit., p. 180.
50 Courrier à Antoine Bernard [directeur du cabinet] du 29 septembre 1968.
51 Entretien réalisé par Mme Marie-Ange Rauch-Lepage en 1994 et 1995 avec Pierre Moinot dans le cadre de l’étude sur le rôle des anciens administrateurs de la France d’Outre-mer dans la construction du ministère des Affaires culturelles. Cf. aussi Tous comptes faits, p. 181 : « Et puis l’effervescence nous prenait aussi ; avec Frappart, avec Gérald Antoine, le recteur d’Orléans, nous imaginions une réforme profonde des principes de l’administration. »
52 Rapport de réorganisation, Direction générale des Arts et des Lettres, Pierre Moinot, décembre 1967, p. 25.
53 Courrier à Antoine Bernard du 29 septembre 1968.
54 Le Figaro du 7 mars 1969, « Le sacrifice de M. Moinot ». Cf. aussi Le Monde du 8 mars 1969, qui diagnostique « Une crise de croissance » du ministère de la culture.
55 Rappelée par Philippe Séguin, Premier président de la Cour des comptes, dans son hommage à Pierre Moinot, à l’Hôtel national des Invalides, le 13 mars 2007 : « dans les diverses fonctions qu’il occupa, sa lettre de démission était toujours prête, preuve permanente de sa liberté ».
56 Hommage de Mme Hélène Carrère d’Encausse, secrétaire perpétuel de l’Académie française, le 13 mars 2007.
57 Conseiller en charge du budget de 1962 à 1968, détenteur du « record de longévité au cabinet d’André Malraux » (entretien avec l’auteur, 28 mai 2013).
58 Malraux ministre au jour le jour, op. cit, p.88.
59 Pierre Moinot dans la préface à Malraux ministre au jour le jour, op. cit.
60 Devise d’un « vieux magistrat qui écrivait des poèmes et des chansons », rappelée par Pierre Moinot dans la préface du livre-catalogue du Fonds Pierre Moinot à la bibliothèque de la Cour.
61 Ils écriront ensemble le scénario d’un feuilleton en trois épisodes diffusé en 1990 sur Antenne 2, Jeanne d’Arc, le pouvoir et l’innocence. NDE : voir la conclusion du présent ouvrage.
62 Discours prononcé par Pierre Moinot à l’enterrement de Philippe Baer, église de Salernes, 23 novembre 1995.

Ce texte est extrait de La Cour des comptes et le secteur de la culture (1925-2007) : De l’exposition des arts décoratifs à l’ouverture du musée du quai Branly, Comité d’histoire de la Cour des Comptes. Paris : La Documentation française, 2014.

Pour en savoir plus sur le rôle éminent que joua Pierre Moinot dans le domaine culturel, on pourra utilement consulter les archives actuellement déposées aux Archives nationales.
AG/5(1)/1-AG/5(1)/2806, F/21/8263-F/21/8308, 19860185/1-19860185/16, 19860526/1-19860526/16, 19950077/1-19950077/8, 19950512/1-19950512/2, 19950514/1-19950514/34, 20010436/1-20010436/19, 20050582/1-20050582/474, 20150134/1-20150134/104, 20150222/1-20150222/33
Par ailleurs, il existe des fonds Pierre Moinot à la BnF et à l’Imec. Ces fonds portent principalement sur son œuvre littéraire.
Enfin le Comité d’histoire du ministère de la Culture et de la Communication possède un fond documentaire que l’on peut consulter sur rendez-vous.