Exposition Demetrios Galanis à Athènes du 7 mai au 2 juillet 2014

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L’artiste grec  Démétrius Galanis n’est plus connu aujourd’hui que d’un public restreint d’amateurs et de connaisseurs de  l’estampe moderne. Pourtant, il  compta parmi les plus importants graveurs de sa génération : il remit à l’honneur des techniques oubliées ou anciennes telles que la manière noire ou les eaux-fortes, introduisit des savoirs-faire concernant le travail du bois et valorisa des outils relégués jusque là au domaine industriel. Un tel travail, redoublé des enseignements dispensés à l’atelier sur la vieille presse de Degas puis à l’Institut des Beaux-Arts, justifie la reconnaissance et les récompenses de l’Institut de France et l’Académie d’Athènes. Ami de Picasso et des cubistes, passionné de musique classique et de Bach en  particulier, il tint longtemps salon dans son atelier du 12 rue Cortot où les plus  Grands lui rendaient visite. Parmi les habitués du lieu, un tout jeune homme devait se distinguer,  André Malraux. Malgré la différence d’âge et les destinées divergentes de chacun, des relations d’amitiés se créèrent, fondées sur une conception de l’art, leur rapport à la modernité et au cubisme et leur curiosité d’esprit, comme en témoignent leurs  activités artistiques et littéraires : on  ignore souvent que le premier texte d’histoire d’art publié par Malraux était, à la demande de Galanis, la préface au catalogue de la première exposition personnelle de l’artiste. Par la suite, Malraux ne cessa de commenter dans des articles la carrière artistique de Galanis. Cette amitié artistique se fonde aussi sur  une collaboration étroite dans le domaine de l’édition de luxe de l’illustration, Galanis exécutant les gravures d’œuvres littéraires éditées par Malraux, tantôt directeur de sa propre maison d’édition, tantôt responsable de service dans  d’autres maisons dont Gallimard. Dans ce domaine, Galanis, qui illustra en particulier la couverture de la toute première édition de La Condition Humaine, est un précurseur que révèle Malraux dans l’article des  Arts et métiers graphiques intitulé  Les illustrations de Galanis : « Il ne s’agit pas  pour lui de traduire en images des œuvres de l’auteur qu’il illustre, mais de trouver un  équivalent plastique. »
A l’autre extrémité de sa carrière, Malraux devait se souvenir de l’ami qui l’avait introduit dans  l’univers montmartrois, accompagné dans sa formation littéraire et esthétique et suivi sa vie durant : que ce soit de manière officielle lors de la remise de la décoration de l’ordre de la  légion d’honneur, lors de l’exposition Galanis à la Bibliothèque Nationale, ou que ce soit par sa participation personnelle au tombeau de Jean- Sébastien Galanis, mort en mer pendant la guerre, les honneurs, les responsabilités et les projets de Malraux n’ont pas rompu les relations profondes qui unissaient les deux hommes. En effet, dans sa première sélection d’œuvres à insérer dans L’Intemporel, Malraux avait retenu des œuvres de son ami grec, sans doute parce que, plus que tout autre, Galanis est un artiste hors du temps et des courants qui marquent le début du siècle. Toujours fidèle à l’héritage classique  de sa Grèce natale, il n’en est pas moins résolument moderne, comme le fut son camarade Derain. Il n’éprouva pas le besoin de passer par la phase de déconstruction cubiste pour parvenir à une synthèse efficace de la forme. Il ne s’éloigne jamais de la figuration mais la débarrasse d’emblée du superflu, anticipant ainsi le purisme ou le retour à la figuration. Comme l’écrit Malraux dans sa préface, « le style de ses tableaux est surtout la conséquence de dons étonnants de composition », «  le désir de les toucher ou de les voir ne s’éveille pas en nous. Peu importe ce qu’ils seraient vivants ; nous savons qu’ils nous toucheraient moins que la toile ne le fait. » La vie artistique et littéraire des deux hommes fut le révélateur d’une amitié et d’une estime artistique et personnelle.