Les derniers jours par Jean Clair

Les derniers jours « J’appartiens à un peuple disparu. À ma naissance, il constituait près de 60 % de la population française. Aujourd’hui, il n’en fait pas même 2 %. « Il faudra bien un jour reconnaître que l’événement majeur du XXe siècle n’aura pas été l’arrivée du prolétariat, mais la disparition de la paysannerie. « Ce sont eux, les paysans, qui mériteraient le beau nom de ? peuple originaire ? que la sociologie applique à d’improbables tribus. En même temps que les premiers moines, ce sont eux qui ont défriché, essarté, créé un paysage, et qui lui ont donné le nom de ? couture ?, c’est-à-dire de ? culture ?, ce mot que les Grecs n’avaient pas même inventé : une façon d’habiter le monde autrement qu’en sauvage. « Cette classe, dont j’avais tant envié la fortune et l’aisance, et dans laquelle je serai, fût-ce à reculons, entré, cette intelligentsia tant admirée mais surtout dont j’avais redouté l’arrogance, face à ces enfants de bourgeois qui me faisaient une peur de chien quand je les rencontrais, il m’apparaît aujourd’hui qu’elle aura trahi, installée qu’elle est, de par sa propre volonté et par sa propre paresse, dans un exil culturel permanent et profond. »

J. Clair évoque ce qui a forgé sa personnalité, ce qui le hante et le révulse. Il revient sur son enfance rurale en Mayenne, qui contraste avec son adolescence dans le Pantin de l’après-guerre. Il aborde l’art, les manières de l’époque ainsi que le cauchemar de la transparence généralisée et l’horreur de l’immortalité de l’existence, dans lesquelles il voit les signes de la fin d’une civilisation.

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